« Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l’on voit est son monde. »
Guy Debord, La Société du spectacle (Buchet-Chastel, 1967, p.31).
Hier soir, je rentre à pied par la rue du Renard. Devant le théâtre du même nom, un jeune homme d’à peu près vingt ans est assis en compagnie de son chien (a-t-il demandé et obtenu un permis ?). Il ne mendie même pas.
Qu’attend-il ? Quel gâchis !A son âge, on cherche du travail ! Qui en veut en trouve : bientôt l’Anpe et l’Unedic seront fusionnées (même si leurs personnels ne sont pas tous d’accord), l’embauche sera donc facilitée. Tout ira comme sur des roulettes.
Aujourd’hui, les professions judiciaires sont en grève (elles sont braquées contre Rachida Dati), mais le président de la République parlera sur les deux chaînes de propagande officielle, à 20 heures, pour rassurer toute la population. Concernant Villiers-le-Bel, il annoncera qu’il fait confiance à la justice de son pays (il n’est pas braqué contre Rachida Dati).
Le jeune homme au chien et au renard (ce dernier est-il vacciné contre la rage ?) devrait s’acheter pour Noël un téléphone mobile avec télé intégrée.
Là-bas, il y a toujours ce miroir horizontal dans la rue rectiligne ; de nuit, on ne peut, hélas, admirer le magnifique immeuble de feu le Syndicat de l’épicerie française. Edouard Leclerc pourrait quand même, au nom du patrimoine, se porter acquéreur.
Et puis Beaubourg sur le trottoir de gauche, au loin, de dos, quadrilatère magique mais non photographié depuis la piazza, comme un point de repère faiblement éclairé.
Il est toujours étonnant de voir combien ce bâtiment a tenu le coup, s’est intégré dans Paris, et recueille un succès permanent malgré tous les sarcasmes et quolibets qui ont présidé à sa construction. L’audace prime…
Maintenant, on va redécouvrir Richard Matheson, par film interposé. C’est également un grand auteur de romans policiers (Les Seins de glace, 1955) et un scénariste réputé. Rentré chez moi, je retrouve son livre derrière un rayon d’étagère qui le dérobait volontairement à ma vue : la collection Présence du futur annonçait tellement bien la couleur.
Mais une légende est-elle compatible avec une pub ?
(Photo : cliquer pour entrer.)
Dominique Hasselmann